Du vingt-six prairial (2/6/1794), au neuf thermidor de l'an deux (27/07/1794) soit en 52 jours
 le tribunal révolutionnaire de la Commune de Paris condamna et fit guillotiner 1308 personnes sur la place de la Barrière du Trône




Leur corps reposent dans les deux fosses communes creusées dans le «Jardin de Picpus».

911 hommes : 197 femmes 178 gens d'épée, 136 gens de robe, 110 gens d'église, 238 du premier ordre.
44 avaient au plus 20 ans …. deux en avait juste 16 … Un fut supplicié parce que son père ne s’était pas présenté, un autre sans même avoir été « jugé »




Voir la liste complète des victimes dressée par G Lenotre

L'un des premiers soins de Mme de Montagu en arrivant à Paris fut de s'informer du lieu où reposaient les corps des guillotinés de la place du Trône (l'actuelle place de la Nation).
Au bout de deux ans seulement, elle apprit qu'une ouvrière Mlle Pâris, dont les parents avaient été exécutés en juillet 1794 connaissait l'endroit où ils étaient inhumés. Originaire de Troyes, André Pâris, son père, après avoir servi en qualité de palefrenier chez le duc de Brissac, était, depuis la Révolution, conducteur de diligences. Un certain Delcambe le signala, en floréal an II, à la section du Bonnet Rouge, comme « l'un des plus fanatiques partisans de l'aristocratie ». Un jour que Delcambe, employé ainsi que Pâris aux écuries de Brissac, proclamait, en présence des postillons et des piqueurs «que les seigneurs étaient la cause des maux de la France » - « que c'étaient tous des dévoreurs d’hommes », Pâris s'emporta, reprochant à Delcambe «d'avoir mangé le pain de ces seigneurs qu'il calomniait et déclarant qu'il méritait d'être roué à coups de fourche ». Devant cette menace, Delcambe «prit le parti de s'en aller» ; mais il dénonça Pâris « comme ayant souvent, jadis, porté des lettres de Brissac à Mme du Barry» ; par surcroît, il faisait insidieusement remarquer « qu'un tel être n'était pas fait pour avoir une place dans les diligences allant à la frontière ». On perquisitionna chez Pâris; on y trouva deux pistolets, un couteau de chasse, une pique …. Il n'en fallait pas tant à Fouquier-Tinville pour bâcler un acte d'accusation. Pâris, présenté par l'accusateur public comme « l'homme de confiance de l'infâme Brissac », fut déclaré convaincu « d'avoir été l'agent des correspondances contre-révolutionnaires de ce ci-devant avec la Du Barry» ; « on l'a vu plusieurs fois porter des lettres à cette conspiratrice... » Le 22 messidor, Pâris fut donc condamné à mort avec quarante-trois autres, tout aussi coupables. Son fils, François, âgé de vingt-huit ans, employé au bureau de l'état major du deuxième bataillon de l'Aube. fut accusé «de manœuvres tendantes à soustraire des effets provenant d'un émigré », délit vague, fut, comme son père, condamné à mort et compris dans la fournée du 27 messidor. Mlle Pâris, alors âgée de vingt et un ans, eut le courage de suivre la charrette qui portait son père à la Barrière du Trône; elle y retourna cinq jours plus tard, pour y accompagner son frère; elle vit tomber les deux têtes: «Si je ne suis pas morte sur le coup, racontait-elle dix ans plus tard, c'est que Dieu me soutient; je ne tombai même pas. Je restai debout, à la place où j'étais, balbutiant quelques prières '; mais sans rien voir ni rien entendre.» Quand elle eut repris ses sens, les curieux s'étaient dispersés" le soir tombait, la place était presque déserte; le tombereau rouge à roues basses où l'on avait jeté les corps prenait « le chemin de la campa­gne ». Elle le suivit; il entra par une porte charretière dans un enclos muré; elle repéra l'endroit et, y étant revenue souvent, elle connut que la fosse des suppliciés se trouvait à l'intérieur d'un long jardin dépendant d'une maison de la rue de Picpus.

Depuis huit ans, elle accomplissait fréquemment ce pèlerinage et s'offrit à guider Mme de Montagu et sa sœur Mme de La Fayette désireuses de connaître l'endroit retiré où reposaient, avec tant d'autres, le corps de leurs plus chers parents. La propriété appartenait encore aux religieuses chanoinesses de Saint-Augustin, qui au nombre de dix-sept, avaient quitté leur couvent au mois de mai 1792. Il mesurait plus de sept arpents, - près de trois hectares, - s'étendant en longueur de l'Est à l'Ouest, touchant, dans cette dernière direction, à la rue de Picpus, en bordure de laquelle s'élevaient les bâtiments du couvent. …. D’après G. Lenôtre (de l’Institut) le jardin de Picpus Il serait difficile de fixer d'une façon précise la date de la fondation de la Société de Picpus. La liste de souscription enregistre son premier versement en juillet 1802 ; elle a été close en 1819.

Dans une réunion tenue en 1802, les souscripteurs désignèrent onze d'entre eux pour former le Comité.
1 ° Mme de Montagu, née L. D. de Noailles, présidente.
2° M. Maurice de Montmorency.
3° M. Aimard de Nicolaï.
4° Mme veuve Le Rebours, née Barville.
5° Mme veuve Freteau, née Moreau.
6° Mme de La Fayette,.née A. de Noailles.
7° Mme veuve Titon, née Benterot.
8° Mme veuve de Faudoas, née de Bernières.
9° Mme veuve Charton, née Chauchat.
10° M. Philippe de Noailles de Poix.
11 ° M. Théodule de Grammont.

La première préoccupation des délégués fut de signer « un billet d'honneur» où ils prenaient l'engagement de laisser, à leur mort, la totalité de leur part aux membres survivants du Comité des copropriétaires. Cette clause de «survie» absolument légale a toujours été maintenue dans les diverses formes de sociétés et est encore en usage actuellement. Dès le 18 août 1802 des membres du Comité procédèrent à différents achats de terrains avoisinant la Fosse commune en avançant à la future Société les fonds nécessaires. . Nous pouvons voir dans le procès-verbal de la première réunion du Comité qu'il entendait administrer le produit de la souscription ouverte jusqu'au jour où le Gouvernement permettrait de constituer une «Fondation régulière et légale». Cet état transitoire devait durer trente-cinq ans, car ce n'est que le 28 avril 1837 que se fondait La Société Tontinière de l'Oratoire et du Cimetière de Picpus. Cette société a duré quatre-vingt-cinq ans: puis cette désignation ayant vieilli et étant devenue illégale elle fut, le 27 juillet 1922, transformée en Société civile immobilière de l'Oratoire et du Cimetière de Picpus. (SCOP)
Le nombre des co-propriétaires fut définitivement porté à douze mais toujours recrutés dans les familles qui en 1802 avaient présidé à la fondation de cette Société vieille déjà de cent vingt-cinq ans, une des plus anciennes existant aujourd'hui. Voir la liste  (à compléter des membres de la SCOP)